Audition de témoin

Suite à une réquisition du procureur par la police ou la gendarmerie ou un référé au tribunal judiciaire, un expert peut être amené à interroger des témoins afin de reconstituer la scène et la chronologie des faits passés. Il faut distinguer cette forme d’audition devant un expert et la citation à comparaître comme témoin dans un procès pénal. La citation à comparaître s’effectue devant un tribunal et la non comparution, le faux témoignage ou le refus de témoigner sont sanctionnés. L’audition par un expert n’a ni le même régime ni le même formalisme.

Cette étape peut être cruciale dans une affaire où les preuves matérielles s’avèrent insuffisantes, peu concordantes ou absentes. L’article 242 du Code de procédure civile précise en effet que l’expert peut procéder à une audition de témoignage toutes les fois qu’elle lui semblera utile. Ces témoins sont des personnes à l’encontre desquelles il n’existe aucune raison plausible de soupçonner qu’elles ont commis ou tenté de commettre une infraction mais qui pourraient détenir des informations sur l’affaire. Ce sont des informations orales ou écrites qui peuvent être étayées d’autres documents réclamés par l’expert.

À mon avis, lors de ces auditions de témoignage, l’application stricte du principe du contradictoire n’est pas pertinente. Si ce principe est un des fondements du procès et que le procès doit être une procédure publique et contradictoire, il n’est pas certain que la vérité puisse émerger sous la pression exercée par les parties et leur conseil sur les témoins. Lors d’une audition, j’ai été particulièrement marqué par l’anxiété des témoins dont la parole était nouée par les émotions suscitées par ces présences. J’en déduis que lors d’une expertise, écouter les témoins en contradictoire n’est pas une méthode satisfaisante. Il m’apparaît plus judicieux de procéder à des auditions dans un cadre plus rassurant pour les témoins. Le but de l’audition tient à l’émergence d’une parole et d’une vérité qui ne soient pas viciées, mettre en place une situation de confiance et de protection pour ces témoins est donc indispensable.