L’expertise, temps de la défense ou de l’investigation ?

Il arrive parfois, en expertise, d’être confronté à l’attitude des conseils des parties qui, semblent vouloir préparer à l’avance, un plaidoyer.

Ainsi, par leurs questions, par leur version des faits, certains experts privés et/ou avocats tentent d’orienter l’expert vers un point de vue convergent aux besoins de leur défense. 

Toutes procédures dilatoires, tous comportements déloyaux ou cauteleux tels que, établir un climat de méfiance vis-à-vis des compétences de l’expert, et ceci dès les premiers échanges, donner des documents choisis ou volontairement incomplets, tarder à transmettre des pièces, formuler en cours d’expertise des dires peu pertinents et chronophages et …. , parfois même, interdire, en cours de réunion, son mandant de répondre aux questions de l’expert, ont l’objectif de perturber voire de déstabiliser les opérations. 

Or, dans le cadre d’une expertise, il ne s’agit nullement de convaincre mais d’émettre des hypothèses plausibles, s’approchant au plus près de la réalité, et ceci en toute impartialité. 

C’est en observant, en écoutant, en analysant, en rassemblant, recoupant, comparant, et complétant un maximum d’informations, que l’expert, détenant des savoirs spécialisés dans ses domaines, synthétisera la situation pour présenter ses conclusions. 

L’expert est donc amené à observer sur site, à demander les pièces qu’il juge nécessaires, à raisonner à partir de l’état de fait, afin d’éclairer le juge, sur les causes et origines probables des dysfonctionnements. 

En conclusion, l’expertise n’est en rien une préparation à la défense mais bien au contraire, le temps de l’investigation afin de donner un avis juste sur la réalité des faits. 

Il est de l’intérêt de chaque partie de contribuer activement et objectivement à l’avancement des opérations d’expertise, permettant de remettre un rapport aux conclusions crédibles à partir desquelles les conseils pourront asseoir une plaidoirie de qualité. 

Prendre le temps de l’expertise pour troubler, retarder l’émergence du déroulement et le pourquoi d’un désordre, ne sert ni les mandants, ni la justice.